Le portrait de la Filature est un travail réalisé sous forme de permanences quotidiennes sur le site où l’association RADE est installée en tant qu’occupant. Ce portrait permet d’ouvrir une réflexion plus large sur les outils de fabrication de la ville que sont les occupations temporaires et les tiers-lieux.

Une occupation temporaire permet l’activation d’un lieu en renouvellement sur un temps plus ou moins long - celui de sa transformation. Ce lieu répond à des besoins divers ; l’opportunité d’espaces flexibles et libres pour les habitants, des espaces à loyers modérés et la possibilité de lutter contre l’isolement pour les occupants, limiter les coûts de surveillance d’un site inoccupé et le valoriser par la création d’usages pour les propriétaires.

En parallèle du portrait, la documentation de son installation dans un quartier en transformation apporte de nouveaux angles de réflexion : le temps de l’installation est incompressible, calme et discret. Les occupants et habitants s’observent, se rencontrent, ne se connaissent pas encore.

Si “ être habitant c’est faire partie du paysage”, à ce moment la Filature n’habite pas mais occupe simplement. Pourtant le passage de l’un à l’autre semble inévitable ; de part l’implication nécessaire que le temps court génère - faire vite, soi-même et bien - qui renforce le sentiment d’habiter de chacun.

“C’est en recouvrant les murs, la peau de la ville (…) que l’on forge son identité”. Petit à petit, les palissades sont recouvertes par les habitants et les occupants peignent les murs.

A la rentrée 2024 la Filature existe dans le paysage, elle fait partie de l’identité du quartier, elle est passée d’espace occupé à lieu habité. Ainsi, les traces entre passé, présent et futur commencent à se superposer, l’occupation temporaire devient une habitation de transition ; La Filature s’inscrit doucement dans la mémoire collective comme le lieu de transition entre l’usine ACI et le futur projet urbain.